mercredi 14 janvier 2015

Notre traversée de l'Atlantique : du Cap Vert à la Martinique

On est partis de Mindelo le 30 décembre dans l'après-midi, après avoir attendu le marin du port pendant une heure, qui allait prendre du gazoil pour le dingui.

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 4 janvier

On en est à notre cinquième jour de navigation, et on a fait 700 miles, le tiers de la traversée ! (2100 miles). Si tout va bien il nous reste donc une dizaine de jours. On a hâte d'être arrivés.

Depuis le 2 on est tous amarinés (Alphonse a encore gagné, il était en pleine forme un jour avant nous !), sauf Cécile qui a encore un peu de mal.

On a à peine vu passer la nouvelle année, on n'était pas vraiment en état !

Les trois premiers jours, les alizés étaient bien présents, on a filé, puis ils se sont un peu calmés et on ne faisait plus notre cap. Alors hier on a mis le tangon (espèce de baume pour le génois, qu'on fixe au mât), ce qui nous permet d'avancer par vent arrière et vagues sans que la voile claque.

Les vagues sont toujours là, et on se fait baloter incessamment. On s'habitue plus ou moins, sauf quand le bateau va d'un bord à l'autre, et là le moindre mouvement, la moindre activité deviennent très pénibles. On a de la chance, la houle n'est pas très haute (pas plus de 3 m) mais il y a deux trains croisés, donc on part un peu dans tous les sens.

Aujourd'hui il fait très beau et chaud. Une petite orque (? On ignorait qu'on pouvait en trouver à cette latitude, mais c'était noir et blanc) nous a accompagnés un bout de chemin. C'était impressionnant car elle faisait quand même la moitié de la taille du bateau.

Depuis hier on a recommencé l'école avec Alphonse, même s'il faut batailler à chaque fois.


Mardi 6 janvier

Chouette ! On a fait la moitié du trajet ! Vers 16h aujourd'hui on a parcouru 1040 miles sur les 2080 de la traversée ! En 7 jours exactement. Pourvu qu'on garde notre bonne vitesse de croisière et qu'on fasse la moitié restante en 7 jours aussi.

Il fait de plus en plus chaud et de plus en plus humide aussi.

Ce soir pour une fois la mer n'est pas trop agitée. La nuit dernière c'était très pénible, on a tangué de bord à bord du coucher au lever du soleil. Pas les conditions idéales pour dormir. Par contre on n'a eu qu'un grain.

Nos veilles consistent essentiellement à prévenir ces grains, qui sont des pluies localisées et qui arrivent en général très vite et avec beaucoup de vent. Le but est de prendre un ou deux ris (réduire la voilure) avant que le grain n'arrive.

Parce que sinon, le vent est assez régulier (on n'a donc pas besoin de régler les voiles, enfin, le génois en l'occurrence) et on ne voit pas beaucoup de trafic... Quelques bateaux de pêche au large du Cap Vert les premières 24h, deux cargos les deux premières nuits, et depuis, plus rien... On se sent assez seuls !

Notre vie s'organise à bord : école le matin pour Alphonse, douches un jour sur deux, parties de Chromino (ou Uno, ou domino...) en fin d'après-midi. Le reste du temps on alterne les quarts (2h la journée, 3h la nuit), les siestes et la lecture.

Cette nuit (la huitième, plus que 7 inch'allah) des orages et pluies sont prévus, elle risque de ne pas être de tout repos.

Alphonse m'a annoncé qu'il adorait Liber et la navigation. Il me rassure en me disant qu'une fois qu'on sera aux Caraïbes, on aura oublié tout ce temps passé en navigation (il sait que ce n'est pas trop mon truc !), et il a raison !


Mercredi 7 janvier

Huitième jour de nav'. Restent 6 ou 7 jours.

La nuit dernière a été beaucoup plus tranquille que prévu. Juste une grosse pluie vers 4h30 et... un cargo !

Ce matin le vent a tourné sud / sud-est, puis a faibli pour ne devenir qu'un souffle qui ne nous faisait plus avancer. Du coup on a mis le moteur cet après-midi, ce qui a pas mal d'inconvénients : ça chauffe les cabines alors qu'on n'en a pas du tout besoin, ça fait un ramdam à faire mal à la tête, ça nous "tient" moins qu'une voile dans les vagues, qui sont heureusement faibles. Le seul avantage c'est que ça charge les batteries du moteur qui étaient en pente descendante. Le générateur hydroélectrique ne suffit pas à notre autonomie énergétique quand il n'y a pas de soleil et que le panneau solaire ne génère plus suffisamment.

Avec le vent du sud est arrivé un ciel très nuageux et pas mal de pluie. Mais il fait toujours chaud.

Il y a aussi des tas d'algues partout. On a peur qu'elles coincent l'arrivée ou la sortie de l'eau de refroidissement du moteur.


Jeudi 8 janvier

Neuvième jour.

On n'a pas beaucoup avancé depuis hier au moteur, les vagues nous entravent et notre moyenne est d'à peine 5 nœuds.

Cette nuit on a quand même pu remettre un peu le génois pendant mon quart et sous la pluie, mais on a dû l'enlever 2 heures après, le vent est retombé.

Ce matin le vent est revenu sans se presser. On a passé 3 heures à alterner spi et tangon pour finalement rester au génois.

Il y a toujours des algues.


On s'en est chopé un paquet dans l'hydrogénérateur


On se traînait un sacré poids mort qui nous ralentissait sûrement...



Samedi 10 janvier

Douzième nuit de veille. Il est près de minuit et je suis de quart. J'ai réveillé Cyril pour réduire le génois car un grain est en train de passer.

En dehors des grains, les quarts de nuit sont plutôt agréables car la lune brille (elle était pleine il y a 5 jours) et illumine la nuit, et il fait très doux.

La mer est toujours aussi agitée, surtout le soir et la nuit. Les dîners sont spécialement mouvementés et on doit s'accrocher à nos assiettes pour qu'elles ne soient pas projetées.

Hier le vent s'est un peu calmé, alors on a mis la trinquette pour faire un joli papillon

 

Grâce à elle le bateau est nettement plus stable et va plus vite.

On a tous envie d'arriver. On en a marre ! Marre des nuits de veille, d'être tout le temps balotés, des boîtes de conserve, d'être enfermés...

Heureusement, tout se passe bien : le vent est bon, les vagues ne sont pas trop hautes même si la mer est agitée et désagréable, le temps est pas mal, on n'a aucun problème technique, tout le monde est en forme et a le moral.

On arrive à peu près à occuper Alphonse


Et notre équipière est sympa et fiable, on peut compter sur elle pour les quarts et les manœuvres.

Merci Cécile ! On ne regrette pas du tout de l'avoir embarquée.


Un petit matin de quart

 


Lundi 12 janvier

J-1 !!! On devrait arriver demain soir à la Martinique ! Je n'ai jamais vu Cyril comme ça : il fait tout pour aller le plus vite possible ! Il aimerait nous éviter une quinzième nuit de navigation...

Il fait toujours beau, et chaud. On croise quelques grains, un à deux par jour et par nuit (sauf il y a 2 nuits, on a eu grain sur grain). On croise également un cargo par jour depuis quelques jours. Et on voit quelques vols de poissons volants.

On n'a pas vu de dauphins, ah! Si ! Cécile en a vu une fois.

Aujourd'hui le vent souffle assez fort (+ de 25 nœuds) et la hauteur des vagues suit : jusqu'à 4 m.


13 janvier

17h30

Ça y est ! On voit les côtes de la Martinique !

 

Ouèèèèè !!!!


 




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